La tension sans intercession
Cette exposition (exposition de tableaux et dessins au Club Diplomatique de Belgrade, 1988) semble en fait composée de deux, comme si l'auteur lui-même avait vécu une conversion radicale ou comme s'il avait gardé en lui-même une autre âme qu'il extériorise maintenant.
LES TABLEAUX forment la première exposition: ils ont vu le jour très tôt. Très tôt en effet, le peintre résout par eux un problème de la peinture moderne qui rejette l'art figuratif et saisit l'abstraction du cubisme comme un processus inachevé. Il lui faut alors aller plus loin dans le processus de l'abstraction jusqu'à ce que le tableau atteigne une nouvelle existence plastique aux couleurs pures et élémentaires. Dans des œuvres de l'artiste, nous sentons la tension des signes qui se définissent par eux-mêmes et qui en même temps servent de repères, qpportent une certaine solution constructive et sont le message qui n'est pas à être déchiffré.
LES DESSINS offrent, en opposition fulgurante, une interprétation du monde, la figuration de motifs et de thèmes d'un univers qui dévoile par son atmosphère quelque chose de la subjectivité refusée, de la psychologie en profondeur. Une certaine dynamique tragique dévoile une jouissance forcée, mais non une joie pure. Sur la scène libérée de son subconscient surgissent, comme dans un miroir tour à tour, des figures historiques ou mythiques. Les lignes ne sont pas clairement tracées et créent une atmosphère dynamique. Aussi devons-nous rejeter formellement les canons de l'art plastique que l'auteur reconnaît dans ses tableaux.
LE SPECTATEUR pourra ainsi décider de l'identité des différents aspects d'une même œuvre.