La voie choisie par J.R. Zec, à savoir, inventer en prolongeant la tradition, est un travail extrêmement difficile car, dans ce domaine, tout a été presque dit.
Et je mesure la difficulté de la tâche en me rappelant la réponse que Rilke faisait, dans sa première lettre, à Franz Kappus, alors jeune poète qui lui demandait conseil. Il lui suggérait à peu près ceci: "évitez d'écrire des poèmes d'amour. Car, les formes s'y attachant sont trop courantes et trop habituelles et, de ce fait, les plus difficiles". Et il poursuivait en lui disant qu'il fallait "la force de la maturité pour donner, là où d'excellentes et parfois brillantes traditions se présentaient en foule, ce qui lui était propre".
Difficile donc le chemin choisi par J .R. Zec mais, ô! combien nécessaire et dès lors justifié. Car à l'évidence, le débat actuel, qui perdure étonnamment dans plusieures cités, sur les tendances d'aujourd'hui qui sont le minimal et le conceptuel avant tout, se trouve dans l'impasse. Les œuvres produites, si elles ne se rangent pas dans la catégorie du n'importe quoi, sont insignifiantes. Plus aucune altérité dans cette direction et, me semble-t-il, plus aucune ailleurs.
L'innovation, ne peut dès lors être créée qu'en s'appuyant sur le temps, sur l'anachronisme. En effet, aussi paradoxal qu'il puisse paraître à première vue, c'est l'apport du temps qui est capable aujourd'hui d'introduire une dimension de nouveauté. C'est cet anachronisme qui peut être porteur d'une fonction subversive et non plus cet art" d'avant garde" happé par le pouvoir.
L'œuvre de J .R. Zec nous interpelle par son étrangeté. Ses variations sur l'amoncellement de la croix, produit d'une nécessité intérieure à n'en pas douter et d'une qualité plastique indéniable, nous émeuvent et nous émerveillent. En art, tout ce qui est authentique est beau. La voie choisie par l'artiste nous mène tout droit à une belle invention.
A. Karamaounas