Lazar Trifunovic

Que peut de nos jours un jeune artiste - quelle voie emprunter, où chercher sa place, comment créer sa propre existence artistique? Au moment où toutes les possibilités semblent épuisées, dans ce désert - sans espoir, seul l'artiste ne peut se permettre d'abdiquer, seul l'artiste doit répondre à ces questions. Elles sont poids et responsabilité, mais sans elles ni l'art ni la vie n'ont de sens. Ces pensées me viennent alors que je prépare quelques mots destinés à Jovan Zec, car il s'agit d'un artiste de talent majeur devant lequel se présentent bien des chemins et de grandes possibilités. Ce que propose son exposition, Zec ne l'a pas choisi au hasard - c'est un monde qui s'est lentement et progressivement créé en lui, peu à peu débarrassé des règles scolaires et d'explosions romantiques, si caractéristiques de tous les débuts. Zec penche du côté de la géométrie et de l'ordre. Retiré et calme, modeste et discret, aimant son métier et prêt au sacrifice, il a façonné les fondements de son expression artistique rigoureuse. Mais sa géométrie n'est en aucun cas une compilation de règles, détachée de la vie, et asséchée dans ses propres principes. Dans ses symboles, signes et iconographies en train de se faire, on reconnaît d'authentiques impulsions provenant de la vie moderne urbaine. Ce monde, que Zec a ressenti en lui-même, ouvre à son art de nouvelles perspectives qui ne sont plus désormais des chemins étroits de sa création mais des voies nouvelles pour notre art contemporain. Lazar Trifunovic, décembre 1971