Marguerite Zec

Que l'on me permette de m'introduire humblement, l'instant de cette page, dans le cercle de ces filles et fils d'artistes, malgré eux, souvent, témoins directs de la création. Leur point de vue est toujours différent, subjectif inéluctablement.

Devant la toile blanche, le peintre Zec me donne l'impression d'avoir déjà fait les mesures, posé les couleurs. Reste à suivre l'élémentaire geste du tracé. Toute cette alchimie décidément échappera au discours. Pour déterminer l'espace plastique, quasi rituellement Zec pose un repère comme pour dompter au point d'intersection le trop plein d'images. Et parce qu'elle est maîtrisée, rassurante, cette construction, souvent dissimulée, mobile, attendant au tournant le regard du spectateur, aspire à recevoir les touches de couleur qui vibrent à la surface. Là réside, semble-t-il, la tension première de l'œuvre de Zec, entre stabilité et mouvement, sensibilité et raison.

Quant aux coulisses...

Le petit "atelier" de Zec? Un laboratoire au charme désuet du siècle passé où livres, dessins, partitions, affiches s'empilent. Ou bien un lieu de prière picturale comme, il le nomme lui même quelquefois. Rarement on accède à ce lieu où l'artiste est Maître. Il accepte cependant, parfois, ma présence pendant qu'il peint (celle du chat y est même souhaitable). Et souvent, au son de la flûte de pan de Zamphir, Zec se met au travail, toujours dans un état d'esprit difficile à décrire, entre enthousiasme et provocation qui désespère, gardant un oeil complice et distant à la fois sur le papier accroché au chevalet où a été recopiée la citation d'Ad Reinhardt: " L'artiste qui a sacrifié sa vie à l'art encombre l'art de sa vie et sa vie de l'art".